prochable. Vos efforts ne sont pas perdus ; votre bonté singulière n’a pas rencontré des appréciateurs ingrats ou malveillants ; vous êtes payé de reconnaissance. Jamais homme n’a été aussi cher à un autre homme que vous l’êtes au peuple romain, pour lequel vous êtes et serez longtemps le plus grand de tous les biens.
Mais quel immense fardeau vous vous êtes imposé ! On ne parle plus ni du divin Auguste ni des premiers temps de Tibère5 ; on ne cherche pas hors de vous le modèle, les exemples qu’on désire vous voir imiter : ce qu’on demande, c’est que votre règne réponde à ce que promet sa première année.
La tâche serait difficile si cette bonté que vous avez montrée ne vous était pas naturelle, et si vous ne vous en étiez revêtu que pour un temps ; car nul ne peut constamment porter un masque. La feinte ne se soutient pas, et on revient promptement à son caractère ; tandis que tout ce qui repose sur la vérité, tout ce qui a (si je puis m’exprimer ainsi) sa racine dans le vif, ne fait que croître et s’améliorer par l’action du temps. Le peuple romain était soumis à une redoutable chance lorsqu’il ignorait encore quelle direction prendrait votre heureux naturel. Maintenant on est certain de voir les vœux publics accomplis, et on n’a plus à craindre que vous tombiez tout à coup dans l’oubli de vous-même.
L’excès de la prospérité fait naître l’avidité et rend exigeant ; jamais nos désirs ne sont assez modérés pour s’éteindre par la possession de ce qui en était l’objet.
Un grand bien ne nous semble qu’un acheminement vers un bien plus grand encore ; les espérances les plus insensées naissent de la possession ce qu’on n’osait espérer. Cependant vos concitoyens sont forcés de convenir