Page:Tarsot - Fabliaux et Contes du Moyen Âge 1913.djvu/117

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et reconnut la voix de son Aucassin, qui gémissait et se désolait par rapport à elle. Quand elle l’eut écouté quelque temps :
« Aucassin, dit-elle, gentil bachelier, pourquoi pleurer et vous lamenter en vain ? Votre père et votre famille me haïssent, nous ne pouvons vivre ensemble ; adieu, je vais passer les mers et me cacher dans un pays lointain. » Ces paroles dites, elle coupa une boucle de ses cheveux et la lui jeta. L’amant reçut ce présent avec transport. Il le baisa amoureusement et le cacha dans son sein ; mais ce que venait de lui annoncer Nicolette le désespérait. « Belle douce amie, s’écria-t-il, non, vous ne me quitterez pas, ou vous êtes résolue de me donner la mort. »

La sentinelle, placée sur la tour pour guetter, entendait leur entretien et les plaignait. Tout à coup elle aperçut venir du haut de la rue les soldats du guet qui faisaient leur ronde, armes d’épées nues cachées sous leurs capes : « La fillette