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Page:Zola - Germinal.djvu/31

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GERMINAL.

de dix ans. Partie devant eux, la Mouquette s’exclamait dans l’escalier noir, en les traitant de sales mioches et en menaçant de les gifler, s’ils la pinçaient.

Étienne, dans le bâtiment aux chaudières, causait en effet avec le chauffeur, qui chargeait les foyers de charbon. Il éprouvait un grand froid, à l’idée de la nuit où il lui fallait rentrer. Pourtant, il se décidait à partir, lorsqu’il sentit une main se poser sur son épaule.

— Venez, dit Catherine, il y a quelque chose pour vous.

D’abord, il ne comprit pas. Puis, il eut un élan de joie, il serra énergiquement les mains de la jeune fille.

— Merci, camarade… Ah ! vous êtes un bon bougre, par exemple !

Elle se mit à rire, en le regardant dans la rouge lueur des foyers, qui les éclairaient. Cela l’amusait, qu’il la prît pour un garçon, fluette encore, son chignon caché sous le béguin. Lui, riait aussi de contentement ; et ils restèrent un instant tous deux à se rire à la face, les joues allumées.

Maheu, dans la baraque, accroupi devant sa caisse, retirait ses sabots et ses gros bas de laine. Lorsque Étienne fut là, on régla tout en quatre paroles : trente sous par jour, un travail fatigant, mais qu’il apprendrait vite. Le haveur lui conseilla de garder ses souliers, et il lui prêta une vieille barrette, un chapeau de cuir destiné à garantir le crâne, précaution que le père et les enfants dédaignaient. Les outils furent sortis de la caisse, où se trouvait justement la pelle de Fleurance. Puis, quand Maheu y eut enfermé leurs sabots, leurs bas, ainsi que le paquet d’Étienne, il s’impatienta brusquement.

— Que fait-il donc, cette rosse de Chaval ? Encore quelque fille culbutée sur un tas de pierres !… Nous sommes en retard d’une demi-heure, aujourd’hui.