Page:Évanturel - Premières poésies, 1878.djvu/96

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
74
Pinceaux et Palette




Le garçon dont je parle était un grand phtisique,
Qui, pour les sottes gens et les gens prévenus,
Passait, mal à propos, pour un être excentrique,
Ayant rapport avec les archanges cornus.


Mon pauvre ami Rodolphe avait pour habitude,
— Il tenait le scalpel de Balzac dans sa main —
De faire de lui-même un cabinet d’étude,
D’où ses yeux voyaient clair au fond du cœur humain.


Il recevait chez lui, mais en robe de chambre,
Artistement couché dans son fauteuil mouvant.
Le spleen le venait voir quelques fois en septembre,
Quand le ciel s’avisait de lui souffler du vent.


Avait-il, mon voisin, quelque peine secrète ?
Ses amis là-dessus ne savaient que penser.
Il vivait retiré comme un anachorète,
Retenant bien son cœur pour ne pas le blesser.


Oui, mon ami Rodolphe était un grand problème.
Le dernier jour de l’an (est-ce un rêve assez noir ?)
Il fermait bien sa porte et se jetait tout blême,
Dans son fauteuil gothique, en face d’un miroir.