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MONSIEUR LE MARQUIS


XVI.

UNE EXISTENCE AGRÉABLE.


M. Bonnasseau se donna beaucoup de peine pour arranger ce duel, qu’aucun des deux adversaires ne voulait.

Lionel était trop brave et trop loyal pour feindre un ressentiment qu’il n’avait plus… Quand il revit Ferdinand, il lui tendit la main avec franchise et amitié.

— Vous m’avez empêché d’être bien coupable ! je vous en remercie.

En disant cela il regardait Clémentine.

— Je le savais bien, que vous ne m’en voudriez pas longtemps.

— Comment va-t-elle ? vous l’avez vue depuis moi… demanda Lionel à voix basse.

— Elle est très-courageuse… Elle part dans peu de jours pour l’Angleterre.

— Avec qui ?

— Avec une de ses amies qui est venue la chercher.

— Ah !…

Clémentine s’approcha d’eux.

— Vous viendrez avec nous ce soir aux Bouffons ? dit-elle.

— Oui.

— Et demain nous allons à deux heures au bois de Boulogne ; il y a une course.

— Oui… je suis toujours à vos ordres, répondit Lionel.

— Elle fait de lui tout ce qu’elle veut ! remarqua M. Bélin.

— Cela n’est pas étonnant, je ne veux que ce qui l’amuse.

M. Dulac s’approcha de madame de Marny :

— Je vous le disais bien, qu’il finirait par vous aimer… Me croirez-vous une autre fois ?…

— Toujours ! répondit Clémentine avec émotion. Je vous dois mon bonheur… Puis elle ajouta en riant : — Vous êtes le meilleur méchant que je connaisse.

Et ils vivaient tous en bonne intelligence ; et Lionel passait