Page:A. Belot - Les Stations de l’Amour.djvu/65

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Et déjà elle grignotait un morceau de plum-cake en remplissant les verres de vin de Bordeaux.

— J’aime assez le thé, le soir, parce que j’y suis habituée depuis mon enfance ; mais, dans la journée, et en mangeant, je préfère les bons vins de France, j’aime tout ce qui vient de France !…

— Et aussi les v… de France, murmura Maud installée sur mes genoux.

— Veux-tu te taire, polissonne, et ne pas prononcer de vilains mots, dit Flora.

— Crois-tu que je vais parler ici comme au temple ?… En tous les cas, si le mot est vilain, la chose est bien jolie ; regarde plutôt…

Et elle lui fit voir ce qu’elle tenait dans sa main et qui lui montrait sa reconnaissance par de petits soubresauts.

— Assez Maud, dit Dora en voyant l’émotion qui me gagnait ; laisse-lui ses forces…

Maud, comprenant l’importance de la recommandation, se leva à regret.

— Maintenant, mes petites chattes, un bon verre de malaga.

— C’est Maud qui va nous l’offrir, s’écria Flora.

Maud la regarda étonnée.

— Oui, continua-t-elle, comme l’autre jour, en croix de Saint-André…

Ce fut au tour de Dora de prendre un air interrogateur.

— Vous allez voir, Dora, lui dis-je, c’est exquis, et on ne peut plus gracieux.

— Mais, se récria Maud, je ne sais pas me tenir sur les mains, la tête en bas, comme Flora.

— On te tiendra, dit celle-ci en riant.

La complaisante Maud se dépouilla prestement de tous ses vêtements, et se montra dans sa juvénile et ravissante nudité qu’avivait une pudique rougeur.

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