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HISTOIRE DU FÉMINISME

Suède, parce qu’il est ici dans l’ordre naturel des choses, parce que les conditions du sol et du climat conspirent avec les circonstances historiques pour en faire une nécessité. Et c’est pour cette raison bien simple que les revendications féminines y sont moins anciennes qu’en France et en Angleterre. Le féminisme, au sens moderne du mot, date à peine en Suède de trois quarts de siècle. À quoi bon réclamer ce que l’on possède déjà ?

Mais ce sont plutôt les coutumes que les lois qui donnent à la femme une telle importance. Or, vers le commencement du dix-neuvième siècle, sous l’influence française et germanique, diminue la force des vieilles traditions. Alors, les femmes subissent « des lois oppressives restées autrefois sans effet à cause de l’esprit général et des mœurs ». La bourgeoisie quitte les campagnes, et dans les villes, « au lieu d’être la cheville ouvrière de la maison, la femme devient une charge ». On le lui fait durement sentir. En 1845, la Suédoise est dans une situation bien inférieure à celle de la Française : « La jeune fille n’a pas les mêmes droits que son frère à la succession paternelle. Si elle ne se marie pas, elle reste toute sa vie en tutelle, ne pouvant administrer ses biens. Elle recevait une éducation très restreinte, ne pouvant fréquenter aucun cours public. »

L’injustice d’une telle situation soulève, dès le début du dix-neuvième siècle, un cri de révolte, et le premier qui lance l’appel émancipateur est un homme. Almqvist, qu’une étude d’Ellen Key a fait sortir de l’ombre, Almqvist qui, né en 1793, semble un contemporain de Verlaine et qui, avant Maeter-