Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/153

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son action si mal jugée un grand rôle bienfaisant est, somme toute, revenu.

Eut-elle également, en ce qui concerne les affaires extérieures, sa politique personnelle ? Il semble également que oui, mais que Mme  de Pompadour, sans avoir eu ici d’idées préconçues ne se soit laissé guider, outre le souci toujours présent de conserver sa faveur et d’apparaître au roi comme indispensable, que par les circonstances et ce qu’elle a cru être l’intérêt de l’État.

Elle arrive au pouvoir absolument ignorante en matière de politique extérieure et, aspirant à en pouvoir discuter congrument avec le roi, s’efforce de faire sur cette matière son initiation. Sa faveur s’établit en pleine guerre de Succession d’Autriche et elle n’a aucune influence sur l’orientation des événements. On lui attribue, il est vrai, la paix blanche d’Aix-la-Chapelle. Il semble que ce soit un des aspects de la légende malveillante attachée à elle. La réalité semble tout autre : Mme  de Pompadour, semble-t-il, se serait aperçue du contraste ridicule entre nos décisives victoires et les minces avantages que nous donnaient d’inhabiles négociateurs. Mais elle aurait été impuissante à triompher de l’inertie de Louis XV, bien décidé à faire coûte que coûte la paix. « Le roi le veut ainsi, dit-elle avec découragement[1]. »

Dans la crise diplomatique qui amena le renversement des alliances, Mme  de Pompadour joua un rôle capital. Nous ne referons pas, après M. de Nolhac[2] et la plupart des historiens du règne de Louis XV, le récit détaillé de ces négociations. Signalons cependant quelques traits qui la montrent alors politique consommée. Connaissant, l’une des premières à la Cour, le traité secret entre la Prusse et le Hanovre, elle feint d’en être enchantée et le mot d’ordre est dans son entourage de faire de même[3]. Cependant elle reçoit l’envoyé autrichien Stahremberg, fait connaître au roi les propositions de l’Autriche et le gagne à l’alliance autrichienne. Le roi, à son tour, gagne Bernis d’abord imbu de la tradition d’alliance prussienne[4]. Et c’est chez la favorite qu’eut lieu la première entrevue entre le ministre et l’envoyé autrichien. « Toute la négociation secrète avec l’impératrice pour l’accord des puissances sur les articles secrets se trouve menée sous les auspices de la marquise[5]. »

  1. Mme  du Hausset. Loc. cit.
  2. Mme  de Pompadour.
  3. D’Argenson. Loc. cit.
  4. Mme  du Hausset. (Ibid.)
  5. Lavisse. Histoire de France, VIII.