Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/249

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vocation médicale. D’ailleurs, les jurisconsultes prennent soin de spécifier qu’une des qualités requises pour l’exercice de la médecine ou de la chirurgie est d’appartenir au sexe mâle.

C’est cependant, s’il faut en croire Guyot[1], depuis 1755 seulement, où un arrêt du Parlement de Paris en décida ainsi, que l’exercice de la chirurgie pour leur propre compte fut officiellement interdit aux femmes. À la même époque et par le même arrêt leur fut interdit la pratique de l’art dentaire que, sans doute, une tolérance leur permettait jusqu’alors d’exercer.

Ces deux considérations permettent de penser qu’en effet un certain nombre de femmes, surtout dans les campagnes où les médecins étaient rares, durent pratiquer avec plus ou moins de compétence et de succès la médecine, et sans doute jusqu’à la fin du xviiie siècle, malgré les dispositions contraires de la législation.

ix. Les sages-femmes. — La direction des hôpitaux

D’ailleurs, une branche de l’art médical, mieux de la chirurgie, était officiellement ouverte aux femmes et cela facilita sans doute leur intrusion dans les autres branches de l’art médical.

Les femmes, en effet, pouvaient pratiquer les accouchements, les sages-femmes formaient une communauté assez nombreuse et pourvue de privilèges.

Comme ceux de mainte autre corporation de la capitale, les statuts des maîtres chirurgiens furent renouvelés sous le règne de Louis XV. Les statuts des sages-femmes qui étaient agrégées à la communauté des maîtres chirurgiens furent alors définitivement fixés.

Pour pouvoir aspirer à faire partie de la communauté des maîtresses sages-femmes, stipulait l’ordonnance royale du 24 février 1730 fixant les statuts des chirurgiens, il fallait être catholique, de bonne vie et mœurs, et faire son apprentissage soit à l’Hôtel-Dieu, auprès d’un chirurgien accoucheur, soit auprès d’une maîtresse sage-femme. Dans le premier cas, trois mois de présence suffisent. Mais l’obligation est imposée d’assister aux cours et aux dissections. Dans la deuxième alternative, l’apprentissage doit être de trois ans. Ces études préliminaires terminées, la candidate passe un examen, à l’hôpital Saint-Côme, devant le lieutenant du prévôt, quatre chirurgiens, une sage-femme jurée de la plus ancienne en maîtrise. L’examen est présidé par le premier chirurgien du roi.

  1. Dictionnaire de jurisprudence : chirurgien.