Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/306

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pensée, offrir aux fidèles un modèle de pureté et de détachement du monde, digne des premiers chrétiens et, reprenant le rôle que leurs prédécesseurs avaient tenu, puis abandonné, instruire les pauvres et soulager les infortunes.

On peut tenir pour négligeables les Carmélites, groupées en petites communautés de 13 à 20 religieuses[1], destinées uniquement à la vie contemplative et que la clôture tient rigoureusement séparées du monde. Les Calvairiennes[2] sont aussi un ordre purement contemplatif. « Chanter les louanges de Dieu, prier pour le salut de l’État », telles sont les uniques occupations de ces religieuses que leur règlement « n’oblige qu’à se sanctifier[3] ». Mais les Augustines, les Bénédictines, les Cisterciennes, les Visitandines, les Ursulines, les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul, dites Sœurs grises, vivent selon une règle bien différente. La contemplation ne tient dans leur vie qu’une assez petite place.

Les Ursulines doivent se vouer non seulement à une vie de pauvreté, ou d’obéissance, ou de modestie, mais au travail manuel et à l’éducation des enfants pauvres[4]. Les religieuses de la Visitation ou Visitandines ont été instituées pour les femmes que leur faiblesse, leur maladie ou leur âge empêchent de supporter une vie de macérations et d’austérités. Dispensées d’assister à tous les offices et, sauf les choristes, de remplir les charges du chœur, elles doivent se consacrer plus particulièrement au soin des malades, qu’à l’origine elles vont visiter dans les hôpitaux déjà établis et qu’elles soignent ensuite dans leurs propres établissements.

Enfin, les sœurs de Saint-Vincent-de-Paul ou Sœurs grises ont été, elles aussi, plus particulièrement instituées pour visiter les pauvres et les malades, et de même les Clarisses, les Hospitalières de la Miséricorde, les religieuses de Notre-Dame de la Charité, les sœurs de la Sagesse et mainte autre communauté souvent à l’origine laïque et composée d’associées volontaires, et devenue par la suite ordre religieux, sont dirigées également par des préoccupations d’ordre social.

Ainsi, au point de vue du rôle qu’elles sont appelées à jouer dans la société, il faut établir une distinction très nette entre celles des communautés des anciens ordres qui mènent soit une vie d’apparat extérieur comme les chanoinesses des chapitres nobles et la plupart

  1. Helyot. Dictionnaire des ordres religieux (Carmélites).
  2. Organisée en 1617 par le père Joseph du Tremblay, l’éminence grise.
  3. Arch. Nation., D. XIX, 1.
  4. Constitution pour les religieuses de Sainte-Ursule.