Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/37

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société. Avec les pièces d’archives, actes des notaires, débats des tribunaux, rapports de police, qui, eux, sont plus strictement encore objectifs, nous pénétrons plus profondément encore dans la réalité. Là nous apercevons mieux encore que dans les mémoires les conditions matérielles de la vie, particulièrement de la vie de la femme du peuple qui, elle, n’a pas laissé de mémoires, et que les écrivains ne se sont pas préoccupés d’étudier.

Les rapports des autorités provinciales au gouvernement central, les listes des corporations de métiers, nous montrent également et d’une façon objective la place tenue par les femmes dans la vie économique. Des plaidoyers féministes et les grands monuments de l’esprit humain, tels l’Encyclopédie et les diverses encyclopédies juridiques, économiques, politiques, des dictionnaires biographiques et de ceux consacrés aux femmes célèbres en particulier, nous pouvons tirer de forts utiles indications sur la condition et le rôle des femmes.

Le théâtre enfin et le roman, bien souvent image fidèle et à peine embellie de la vie réelle, nous instruisent sur les concordances ou les discordances entre les lois et les mœurs et nous font connaître les opinions moyennes sur un grand nombre de problèmes que soulevait alors, comme aujourd’hui, la question féminine.

En utilisant toutes ces sources et en les éclairant les unes par les autres, nous avons des chances, semble-t-il, de pouvoir approcher assez près de la vérité et de donner une vue sinon complète, du moins assez générale de la condition de la femme au xviiie siècle.