Page:Abensour - La Femme et le Féminisme avant la Révolution, 1923.djvu/469

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bles où se trouvaient, au moment de leur maternité, la plupart des femmes du peuple. Livrées à des mains trop souvent inexpertes, au moment de leur accouchement, dans l’impossibilité de prendre le repos nécessaire dans les premières semaines qui suivent, et de donner à leur enfant, dans de bonnes conditions d’hygiène, les soins dont il a besoin, flétries, lorsqu’elles ne sont plus mères, par un absurde préjugé, elles périssent souvent à la peine et avec elles leurs enfants.

Il faut, pour le plus grand bien du pays à qui l’on rendra, en empêchant la mortalité infantile, maints citoyens utiles, remédier à cette situation. Assurer aux jeunes mères, particulièrement à celles de la campagne, les soins de sages-femmes expérimentées, voilà, jugent la plupart des cahiers, la condition primordiale du relèvement de la natalité.

Ainsi cette question fait-elle l’objet de vœux presque unanimes des représentants des villes et surtout des représentants des campagnes où, malgré les tournées de Mme  Ducoudray, continuaient à exercer maintes sages-femmes ignorantes : Paris, Beauvais, Mantes, Auxerre, Orléans, Bar-sur-Seine, Rochefort, Angoulême et Bordeaux, Auch, Draguignan et Marseille, Riom et Chaumont-en-Bassigny formant, en ce sens, les vœux les plus pressants. C’est donc bien toute la France qui est convaincue de l’urgence de la réforme.

Si quelques cahiers se contentent de réclamer « l’établissement de matrones dans les campagnes »[1], la plupart insistent sur les conditions de compétences qu’elles doivent remplir et les moyens d’assurer cette compétence. La noblesse de Chaumont-en-Bassigny et celle de Clermont-en-Beauvaisis, le clergé d’Evreux, le Tiers-État de Draguignan demandent l’institution d’écoles de sages-femmes ou des cours d’accouchement ou, comme le fait le Tiers-État de Rochefort, l’établissement d’un règlement pour l’instruction des sages-femmes.

Quelques cahiers précisent davantage. Nulle ne pourra exercer si elle n’a suivi un cours d’accouchement pendant quatre mois[2], ou « si elle n’a été examinée par des chirurgiens compétents »[3]. On créera pour enseigner Tart des accouchements une école spéciale, réclament la paroisse de Pressé-le-Petit (sénéchaussée de

  1. Cahier de la ville de Metz ; cahier du Tiers-État de Mantes.
  2. Cahiers de la sénéchaussée de Nîmes.
  3. Cahiers de Saint-Gratien ; cahier du clergé de Beauvais.