Page:Abensour - Les vaillantes, 1917.djvu/229

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Située au pied de l’ouvrage, l’auberge recevait chaque jour la visite de nos artilleurs. Un jour l’enfant aperçoit une troupe de uhlans. C’est le moment où les soldats français doivent venir. Il faut gagner les Barbares de vitesse pour prévenir les Français. Au risque d’être surprise, faite prisonnière, tuée peut-être — car elle connaît les bruits sinistres qui courent sur les Allemands — la brave petite court jusqu’au fort. Elle prévient les officiers. Une petite troupe en armes s’organise et les uhlans battent en retraite. Toute simple, en son héroïsme inconscient, la petite fille du fort de Troyon ne mérite-t-elle pas d’être chantée par un grand poète ?

Rares sont chez nous, les femmes soldats. Trois cependant au moins, restées d’ailleurs anonymes — prirent part à la bataille de la Marne. Une jeune blanchisseuse parisienne, ressentant toute l’ardeur dont brûle alors la capitale réussit, on ne sait comment, à se revêtir d’un uniforme de zouave et à se faufiler parmi nos troupes. Elle combattit avec vaillance aux grands jours de septembre puis, découverte, rentra dans le rang, dans la foule obscure de « celles qui attendent ».

Une autre jeune femme a le malheur d’être unie à un mauvais Français qui s’est dérobé à ses obligations militaires. Il n’a pas rejoint et son épouse ne peut supporter pareille flétrissure. Elle paiera donc la dette et servira pour lui. La voilà qui prend l’uniforme du déserteur et rejoint à sa place. On est alors en pleine fièvre des premières batailles. Les soldats qui arrivent