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PARTENZA…

tarer par ici où la solitude est lugubre, entre la silhouette menaçante du château de l’Œuf, blafarde sur l’eau, et les hautes murailles de Pizzo Falcone, contreforts immenses grimpant vers je ne sais quelles terrasses qui dominent, écrasent tout par ici. Je m’étonne que cette Naples déjà tant aimée me donne ces sensations également intenses de joies et de lumières, de misères et de ténèbres.


Comme la façade du Carlo Felice à Gênes, auquel ressemble notre Odéon, la façade du San Carlo, ici, est assez morose dans les lignes raides de son architecture classique ; mais je l’aime mieux encore que le portique éclatant des Nouvelles Galeries Umberto, sculpté, clinquant et tout frais sorti du moule vulgaire des décorations modernes. Je fuis les marbres trop blancs et trop neufs, les onyx plaqués, riches et somptueux comme des rastaquouères, les magasins très éclairés où l’on vend toutes sortes de fanfreluches à l’usage des étrangers, souvenirs stupides de cuivre estampé ou de zinc fondu, terres cuites mignardes et minables, tableaux peints avec des confitures, photographies pleines de promesses de celles que l’on ne montre pas, marrons glacés, bonbons fondants et nougats. Seule est drôle cette boutique, à gauche en allant vers la via Roma, où des gamins, le corps vêtu d’une grande robe blanche et le visage enveloppé de grands yeux noirs, rasent des mentons qui sortent tout bleus de leurs doigts agiles de petits Figaros.

Un music-hall : le salone Margherita, perce de ses