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PARTENZA…

Moi je les regarde bien en face, des épaules jusqu’aux pieds finement rattachés aux chevilles, et je les trouve beaux tous ces marbres, sous la palpitation de l’immobile vie qui fait noblement onduler les torses, se ployer les reins et se tendre les muscles dans le geste superbe des bras, dans la hardiesse vigoureuse des cuisses, dans’l’élégant élancement des jambes, dans l’idéale régularité des lignes, la noblesse des poses et du maintien ; je les trouve beaux et je les goûte jusque dans les moindres fossettes qu’a voulu sur leur corps l’exact et impeccable ciseau du sculpteur… J’ai rêvé souvent de me faire un musée minuscule de leurs réductions pour vivre toujours environné de leur aristocratique beauté, pour réjouir mes yeux et les dédommager du spectacle laid de l’habituelle existence…

J’ose penser et écrire ces choses devant le spectacle charmant du Tombeau des Stuarts, et il m’est agréable dans l’indépendance de mon modeste jugement, de constater son accord avec la pensée de l’auteur délicat de la Chartreuse de Parme. Je ne crains pas de faire place, dans l’immensité de la prodigieuse basilique chrétienne, auprès de l’immortelle et pure Religion de Charité, à cette autre religion qui est la parure de notre vie et de nos croyances sacrées ou profanes : la Religion de la Beauté…


Je quitte Saint-Pierre et les portiques resplendissants de la colonnade du Bernin, en passant entre les fontaines dont le vent secoue les panaches et les