Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°1.pdf/54

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marchent sur la Fère ; par contre, nous avançons un peu en Lorraine. On se confirme de plus en plus dans l’idée qu’il n’y aura plus rien par ici, à moins de siège et de bombardement, mais comme il n’y a plus d’Allemands par ici, qu’ils sont tous remontés au nord, ce n’est pas encore pour tout de suite. On s’est servi, paraît-il, des nouvelles poudres Turpin[1] en Belgique et les effets sont foudroyants.

Tout cela ce sont des on-dit venant du Gal Lecomte ou du lieutenant Weité ; la seule chose officielle est la marche sur la Fère, c’est d’ailleurs la plus grave et la plus inquiétante.

Les renforts partis d’ici sur le Nord doivent être à peu près arrivés.

Le frère de Mme Ihler a parcouru les villages d’Alsace avec son auto prévenant tous les hommes ayant échappé à l’autorité militaire allemande qu’ils feraient mieux de ne pas rester. Il y en a déjà 3 000 au col de Bussang. Ceux qui ne pourront s’engager seront dirigés vers le Centre pour faire la moisson ou travailler aux champs.

La lettre de Mme Genest me parle de la mort de M. Japy neveu de Mme d’Andiran ; c’est justement le capitaine d’Oberreiner et de Ruez, celui dont le caporal St  Julien a rapporté le sabre et les moustaches.

Marg. Boulangé me demande s’il n’y a pas ici un Jacques de la Rivière parent de sa belle-mère ; je crois avoir entendu ce nom

  1. Eugène Turpin est un chimiste à l’origine de la mélinite, remplaçant la poudre noire dans les obus dans les années 1880. La nouvelle poudre Turpin aux effets destructeurs est par contre un bobard qui a connu un grand succès : il est évoqué par Albert Dauzat dès 1918, dans Les faux bruits et les légendes de la guerre. NdÉ.