Page:Adrienne Durville, Carnet de guerre 1914-1918 n°1.pdf/57

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à ne plus faire de prisonniers et à tuer tout ce qu’il pourra. Nous avons parlé des Boulangé, bien entendu, qu’il aime beaucoup ; j’espère le revoir avant son départ.

En allant aux Anges, je télégraphie à Louis pour avoir de ses nouvelles.

Déjeuner assez lugubre ; tout le monde a l’air de s’ennuyer ; quelle différence avec notre cordialité d’ici.

Après déjeuner longue conversation avec Mme Zeller et Mme Renault ; elles n’ont presque plus rien à faire non plus ; d’ici huit jours, ce sera vide partout ; jamais Mme de M. ne consentira à rester dans ces conditions. Mlle Tissot me parle d’un malade qui m’a fait chercher partout ; un certain Verrier qui m’était envoyé par quelqu’un dont elle n’a pu me dire le nom ; je ne sais qui cela peut être, mais je ne comprends pas que l’on ne m’ait pas trouvée, ce n’est pas si difficile, on me connaît ici dans trois ambulances.

4 heures ; Photos dans le jardin, lecture de l’Alsace, thé chez Mme de N., salut à 6 heures ; si cela n’est pas exaspérant de mener une vie pareille alors qu’on se tue là-haut.

Reçu lettre de Mme Durand, on s’affole à Versailles et dans la banlieue ; cela me paraît exagéré, les Allemands n’y sont pas encore, quand nos renforts seront arrivés, il y aura sûrement une bataille importante, mais on ne les laissera pas descendre ainsi sans les arrêter en route ; je suis pourtant inquiète de Marguerite et de Bernard qui se trouvent juste sur le chemin. Qui m’aurait dit, il y a un mois que c’est moi qui serais en sûreté à Belfort alors que ceux que j’ai laissés derrière moi pourraient courir quelques risques.

Aucune nouvelle, les journaux de Paris n’arrivent