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HISTOIRE

la route de Paris, où le pressentiment de quelque événement favorable et d’une carrière politique nouvelle l’attirait puissamment. Cet événement favorable ne tarda pas. La journée du 16 avril mit en évidence le général Changarnier et le plaça en quelque sorte à la tête du mouvement réactionnaire.

Cependant les discussions au sein du gouvernement provisoire prenaient un caractère d’acrimonie qu’elles n’avaient pas eu jusque-là. Il semblait que, lassé enfin de ménagements réciproques, on se reconnût ennemi et qu’on renonçât à le cacher. M. Ledru-Rollin, de plus en plus circonvenu par les conspirateurs, s’absentait fréquemment du conseil où sa présence irritait la discussion, et l’on disait hautement qu’il se préparait au combat. M. Louis Blanc donnait des avertissements qui ressemblaient à des menaces. Le peuple, disait-il, ne se contenait plus ; le jour approchait d’une manifestation semblable à celle du 17 mars, mais beaucoup plus décidée, cette fois, à ne se retirer que satisfaite. Le 14 avril, dans une séance qui se prolongea très-avant dans la nuit, il annonça positivement que cette manifestation aurait lieu le surlendemain. Déjà M. Flocon qui, malgré ses relations intimes avec M. Ledru-Rollin, désapprouvait les entreprises violentes et se tenait politiquement avec M. de Lamartine, avait appris à ce dernier de la manière la plus précise le plan et le but de la conjuration. Enfin le Bulletin de la République, placardé le 15 au matin sur les murs de Paris, parut le signal décisif et comme l’appel aux armes des conjurés.

Le Bulletin de la République, affiché de deux en deux jours sur la place publique et envoyé dans toutes les communes de France, avait pour but, ainsi que l’indique l’article d’introduction au premier numéro du 13 mars, de

    avec le ministre de la guerre. Cette lettre fut l’origine de l’éloignement que témoigna plus tard le général Cavaignac pour celui qui avait été l’ami le plus cher de son frère.