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HISTOIRE

rité et sans expérience des affaires ; le parti monarchique-constitutionnel, où les Prussiens avaient la majorité et qui comptait de brillants orateurs, MM. de Vincke, de Radowitz, le prince Lichnowsky, déjà exercés par les discussions de la diète prussienne, s’était montré animé d’un très-mauvais esprit. Plein de haine contre la France, sans aucune sympathie ni pour la nationalité italienne, ni surtout pour la Pologne, un étrange orgueil germanique avait aveuglé ce parti. Il parlait hautement d’incorporer le grand-duché de Posen, Trieste, l’Illyrie et même Venise, à la Confédération. Il voulait, dans des vues de conquête, former une flotte allemande et ne s’intéressait en apparence qu’à une seule question : à qui donnerait-on l’empire d’Allemagne ? Le président de la diète, M. de Gagern, avait d’abord agi avec zèle en faveur du roi de Prusse ; mais bientôt les dédains de Frédéric-Guillaume pour le titre d’empereur par la grâce du peuple forcèrent d’abandonner cette combinaison. On se tourna alors vers l’archiduc Jean d’Autriche que sa longue opposition au prince de Metternich, ses goûts simples et ses mœurs démocratiques rendaient assez populaire et qui, ayant accepté le titre de vicaire général de l’Empire, fit son entrée solennelle à la diète le 12 juillet. À partir de ce jour, l’Autriche reprit son ancienne influence sur les affaires. Sous l’impression des journées de juin, l’assemblée, d’ailleurs, entrait de plus en plus dans les voies rétrogrades. La minorité radicale, en perdant l’espoir de rien obtenir par les moyens légaux, décida de se séparer à la première occasion, de se former en Convention et d’appeler à soi la force populaire. L’armistice de Malmoë devint le signal de cette tentative.

L’Allemagne prenait un intérêt très-vif à la guerre que les duchés de Schleswig-Holstein soutenaient pour leur indépendance contre le Danemark. Frédéric-Guillaume s’était engagé à protéger les populations de ces duchés, qui, refusant de se laisser incorporer au Danemark, demandaient une constitution séparée et leur représentation à la Confé-