Page:Agrippa d'Aubigné - Œuvres complètes tome troisième, 1874.pdf/302

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Mais quoi, serai-je esteint devant ma vie esteinte ?
Ne luira plus en moy la flamme vive & saincte ?
Le zele flamboyant de la saincte maison ?
Je fai aux saincts autels holocaustes des restes
De glace aux feux impurs, & de naphte aux celestes :
Clair & sacré flambeau, non funèbre tizon.

Voici moins de plaisirs, mais voici moins de peines :
Le rossignol se tait, se taisent les Syrenes :
Nous ne voyons cueillir ni les fruicts ni les fleurs :
L’espérance n’est plus bien souvent tromperesse,
L’hyver jouyt de tout, bien heureuse vieillesse.
Le saison de l’usage, & non plus des labeurs.

Mais la mort n’est pas loin : cette mort est suivie
D’un vivre sans mourir, fin d’une fausse vie :
Vie de nostre vie, & mort de nostre mort.
Qui hait la seureté pour aimer le naufrage,
Qui a jamais esté si friand de voyage,
Que la longueur en soit plus douce que le port ?


PRIERE DU MATIN.


Le Soleil couronné de rayons & de flammes
Redore nostre aube à son tour :
O Sainct Soleil des Saincts, Soleil du sainct amour,
Perce de flesches d’or les ténèbres des ames
En y rallumant le beau jour.

Le Soleil radieux jamais ne se courrouce,
Quelque fois il cache ses yeux :