Page:Aimard - Les Francs-tireurs, 1866.djvu/108

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— Des Peaux-Rouges ? fit-elle avec un geste instinctif d’effroi.

— Tous ne sont pas méchants, répondit-il avec un sourire, ceux-ci sont bons. Se tournant alors vers l’Indienne qui fixait avec une admiration naïve ses grands yeux de velours noir sur Carméla : — Hou-Ohpec ? dit-il.

La jeune femme accourut en bondissant comme une jeune biche.

Que désire mon père, dit-elle en s’inclinant timidement.

— Hou-Ohpec, reprit le chasseur, cette jeune femme est ma fille Carméla. Et prenant dans sa large main les mignonnes mains des deux femmes, il les réunit en ajoutant avec émotion : Aimez-vous comme deux sœurs.

— L’Oiseau-qui-chante serait bien heureuse d’être aimée par le lys blanc, répondit l’Indienne, car son cœur a déjà volé vers elle.

Carméla, charmée du nom qu’avec sa poésie naïve lui avait donné la jeune femme, se pencha affectueusement vers elle et la baisant au front :

— Je vous aime déjà, ma sœur, lui dit-elle.

Et se tenant par la main, elles s’éloignèrent en babillant comme deux rossignols.

Tranquille les suivit d’un regard attendri.

Le Cerf Noir avait assisté à cette petite scène, avec ce flegme indien qui ne se dément presque jamais ; cependant lorsqu’il se retrouva seul avec le chasseur, il s’inclina vers lui, en lui disant d’une voix légèrement émue :

— Och ! mon frère n’a pas changé ; les lunes d’hiver ont semé de neige sa chevelure, mais son cœur