Page:Alletz - De la démocratie nouvelle, ou des mœurs et de la puissance des classes moyennes en France - tome II.djvu/13

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discordes intestines ne pouvaient avoir une longue durée. Depuis le règne d’Élisabeth qui avait dispersé dans l’intérêt de sa domination, l’activité de ses sujets sur tous les points du monde, la passion du gain s’était emparée des esprits ; et une fois la révolution de 1688 consommée, les Anglais, pressés de s’enrichir avec les autres peuples, n’ont jamais eu assez de loisir pour se diviser. Tant que sur les mers où ils naviguent une moitié de leurs marins verra se lever le soleil, tandis qu’à la même heure l’autre assiste au coucher de cet astre, aucune révolution n’est possible chez eux. La réforme parlementaire qu’ils viennent d’accomplir n’amenerait de sérieuses discordes que le jour où leur attention serait moins tendue par le soin de leur fortune. C’est seulement alors que la guerre civile dévorerait tous les fruits d’une infatigable industrie et d’une économie savante qui ont entassé, dans une île étroite, les trésors du monde.

On admire avec quelle profonde paix les États-Unis de l’Amérique du nord jouissent de l’état républicain ; mais leur commerce et leur liberté sont nés le même jour.

Les anciennes républiques de Venise, de Gênes, celle des Pays-Bas, avaient eu le même bonheur : leur indépendance s’était éveillée entre les bras du commerce. Les républiques de