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DE LA DEMOCRATIE NOUVELLE.

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à la fois plus aisément et plus noblement en s’adressant aux pensées et aux sentiments qui nous portent à agir. Les Anciens avaient reconnu le pouvoir des arts sur l’esprit public, et il n’est pas jusqu’à la danse et la musique, deux arts qui ne semblent faits que pour le divertissement, qu’ils n’aient su tourner à des tins de vertu et de gloire. Dans ces républiques fameuses où le pouvoir était contesté de tant de côtés, on prenait tous les chemins qui mènent au cœur des hommes; ce n’était pas, peut-être, par les lois publiques qu on régnait le plus efficacement, mais par cette infinité d’autres lois secrètes que le plaisir et la persuasion donnent à la volonté.

A mesure que le gouvernement monarchique s’est affermi chez les peuples modernes, l’art de gouverner est devenu plus simple. On se croyait assuré de l’obéissance on ne cherchait plus à enchaîner les esprits autrement que par la force ou l’habitude; mais ce système commode n’est plus d usage la science de conduire une nation réclame, de nouveau, à mesure que toutes les inventions de l’ancien despotisme s’évanouissent, ces habiles procèdes, ces ingénieuses et légitimes adresses qui étaient pratiqués dans l’antiquité. Songe-t-on, de nos jours, à tout le parti qu’on pourrait tirer de la musique pour adoucir les mœurs du peuple, le détourner des habitudes