Page:Anatole France - Rabelais, Calmann-Lévy, 1928.djvu/157

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— Comptez-les.

— Je dis improprement parlant, et prenant nombre certain pour incertain, c’est-à-dire beaucoup… Je ne peux me passer de femme, de par tous les diables… Donc me marierai-je ?

— Par aventure.

— M’en trouverai-je bien ?

— Selon la rencontre.

— Si je rencontre bien, comme j’espère, serai-je heureux ?

— Assez.

— Et si je rencontre mal ?

— Je m’en excuse.

— Mais conseillez-moi, de grâce. Que dois-je faire ?

— Ce que vous voudrez.

— Tarabin tarabas.

Panurge s’impatiente, mais il ne cesse d’interroger.

— Me marierai-je ? Si je ne me marie point, je ne serai jamais trompé.

— J’y pensais.

— Et, si je suis marié, je serai trompé ?

— On le dirait.

— Si ma femme est sage et chaste, je ne serai jamais trompé ?

— Vous me semblez parler correctement.

— Sera-t-elle sage et chaste ? Reste seulement ce point.

— J’en doute.