Page:Anatole Leroy-Beaulieu - Empire des Tsars, tome 3, Hachette, 1889.djvu/102

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venues de l’Occident. C’est ainsi que, dès le seizième siècle, les luthériens s’adressaient au patriarcat de Constantinople, espérant obtenir du patriarche Jérémie l’approbation de la confession d’Augsbourg, qu’ils avaient, pour lui, fait traduire en grec. Si stériles que soient toujours restés de pareils appels, ils se sont reproduits à des époques plus voisines de nous. C’est naturellement l’Église d’Angleterre et, dans cette Église, l’école historique en réaction contre les influences protestantes, l’école où l’on aime à s’intituler « catholique anglais », qui a le plus caressé ces rêves d’union entre la fille rebelle de Rome et sa sœur séparée d’Orient[1]. De toutes les tentatives de ce genre, la plus digne d’attention est celle d’un théologien d’Oxford, ami du docteur Newman, W. Palmer ; il fit, sous le règne de Nicolas, avec l’approbation de ses chefs ecclésiastiques, un voyage théologique en Russie, moins pour étudier sur place l’Église russe que pour entrer en communion avec elle. Palmer en était arrivé à croire à la presque identité de la doctrine orthodoxe et de la doctrine anglicane ; il ne voyait guère de difficultés que pour le culte des images, sanctionné par le deuxième concile de Nicée. Fort de cette conformité de croyances, le docteur anglais prétendait être admis à la communion par les orthodoxes. Il vit les principaux dignitaires de l’Église russe, sans parvenir à leur faire partager ce point de vue[2]. Aux yeux des prélats russes, pour que les anglicans pussent ainsi entrer en communion avec eux, il eût fallu une entente de la hiérarchie des deux Églises, sinon l’autorisation d’un concile. Par le fait, le manque d’autorité

  1. Les anglicans de toute nuance ont, dès longtemps, manifesté leur intérêt pour l’Église orientale ; il leur a inspiré de nombreux travaux, parmi lesquels on peut citer ceux de J. Neale History of the hohy Eastern Church, 4 vol.) et de Stanley, le célèbre doyen de Westminster (Lectures on the history of the Eastern Church).
  2. Palmer a laissé le récit de cette curieuse négociation dans des notes de voyage, imprimées quarante ans plus tard par les soins de son ami le cardinal Newman : Notes of a visit to the Russian Church.