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DEUXIÈME JOUR

métaux parfaits, semi-parfaits et imparfaits. Le cercle symbolisait la perfection des premiers, le demi-cercle appartenait à la semi-perfection, enfin la croix et le dard étaient les attributs de l’imperfection. L’Or considéré comme le premier des métaux solaires, par ses propriétés tant physiques que chimiques eut pour symbole de sa perfection le cercle seul mais pour le cuivre et le fer, on ajouta le symbole de l’imperfection, , . L’argent, métal lunaire semi-parfait, fut caractérisé par le demi cercle dont dérivent avec le signe d’imperfection l’étain et le plomb , . Enfin le mercure considéré comme participant à la fois des deux natures, solaire et lunaire, et considéré comme métal imparfait, résumait ces marques distinctives en un cercle surmonté d’un demi cercle et additionné d’une croix . Je recommande particulièrement aux inquisiteurs de Science cette admirable source de méditations ; qu’ils ne tombent pas cependant dans le travers qui nous fait voir partout des symboles alchimiques ! Par exemple : le signe d’Hermès reconstitué en juxtaposant le disque solaire des religions d’Extrême-Orient au croissant de l’Islam et à la croix chrétienne ☿ ou bien encore le même signe figuré dans les images de la Nativité par l’auréole de l’Enfant Jésus, le croissant des cornes du Bœuf et la croix du dos de l’Âne, qui le réchauffaient de leur souffle ☿, Jésus étant assimilé alors à l’Hermès divin, intermédiaire entre le monde matériel ou l’humanité, et les plans supra-terrestres ou divins. Cependant, cette courte disgression ne pouvant documenter suffisamment le lecteur studieux, je renvoie celui-ci à l’Ouvrage de Jean Dée, de Londres, intitulé : La Monade Hiéroglyphique, dont Grillot de Givry donna en 1925 une excellente traduction publiée par les soins de la Bibliothèque Chacornac[1].

Revenons maintenant à notre Pèlerin qui franchit une troisième porte ; il en admire les figures obscures sans toutefois nous les décrire, tout au plus, fait-il mention de deux statues surmontant les colonnes de chaque côté de la porte. Le dualisme de ces colonnes (Jakin et Bohas) est trop connu pour que je m’y arrête. L’insigne qu’il reçoit alors porte les lettres S. P. N. Là encore, de multiples interprétations sont possibles, je n’en retiendrai que Sal Pater Naturae qui s’apparente ainsi aux multiples hypothèses et théories plaçant la Mer salée à l’origine de toutes choses.

Dès ce moment notre héros prend contact avec les êtres invisibles des plans supérieurs. Ils ne sont pas encore perceptibles à sa vue, cependant on le chausse de souliers neufs, et on le tonsure. Ce rite

  1. Jean Dée. La Monade Hiéroglyphique. Traduite du latin pour la première fois par Grillot de Givry. Paris, 1925, in-8.