Page:Andry - Traité des aliments de carême, 1713, tome II.djvu/216

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la discretion & à la conscience de chacun. Les Casuistes tout de même ne prétendent pas, que de quelque tempérament, de quelque âge que l’on soit, & en quelque disposition qu’on se trouve, les huit ou dix onces ne puissent jamais être quelque chose de trop pour la collation. Les Docteurs parlent pour tout le monde ; & ceux qui président aux Communautez, accordent ce qui peut être nécessaire à diverses personnes, laissant à la discrétion des particuliers, à moderer cette quantité lorsqu’il le faut. Dans ces Communautez, la plûpart ne mangent pas la moitié de ce qu’on leur sert ; mais parmi le grand nombre, il y en a qui ont peu dîné, d’autres ont dissipé beaucoup d’esprits par l’étude & par diverses fonctions. (Quoique l’Auteur du Traité des Dispenses prétende que les esprits ne sçauroient jamais se dissiper par le travail, soit de corps ou d’esprit.) D’autres ont un estomac dévorant ; les accusera-t-on de rompre le jeûne, s’ils mangent les sept ou huit onces qu’on leur sert ? Il est donc visible que dans le Traité des Dispenses, on décide un peu légerement, & qu’on n’examine pas assez ce qu’on prononce.

Du tems de Saint Thomas, on n’auroit pas donné à collation ce qu’on