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tion pour le féliciter de sa fermeté ^ Il fallut plaider pour pouvoir passer outre ^. « A partir de ce moment, Edimbourg, tous les deux ou trois ans, était visité par des troupes itinérantes, qui louaient occasionnellement le Tailors Hall dans la Cowgate, ainsi nommé parce qu'il appartenait à la corporation des Tailleurs. ^ » Allan Ramsay continua à combattre coura- geusement pour l'établissement d'un théâtre à Edimbourg*. En 1736, il fit même construire à ses frais une salle de spectacle. Mais à peine était- elle ouverte qu'on passa un acte qui, sous prétexte d'expliquer un acte de la reine Anne sur les malfaiteurs et les vagabonds, interdisait à toute personne de jouer des pièces de théâtre pour de l'argent, sans licence par lettres-patentes du roi ou du Lord Chambellan. C'était tuer l'entre- prise. La salle fut fermée. Non seulement Allan Ramsay faillit être ruiné, il fut poursuivi jusque dans sa réputation par la haine des fanatiques. On publia contre lui des pamphlets , entre autres , un intitulé : La fuite de h Piété religieuse , hors d'Ecosse, à cause des livres licencieux d' Allan Ramsay et des comédiens venus d'Enfer, qui débauchent toutes les facultés de l'âme de notre génération grandissante ^. En 1746, seulement, un théâtre fut construit dans la Canongate, et les représentations étaient irrégulières ^. Il n'est pas étonnant qu'avec ces entraves le théâtre ne se soit pas développé en Ecosse, et que le Noble Berger ?,o'û resté pendant des années la seule œuvre dramatique due à une plume écossaise.

En 1756 , John Home , qui était ministre de l'Eglise Établie , donna à Edimbourg, sa célèbre tragédie de Douglas. Ce fut, dans la partie libérale de la population , un étonnement et une joie. Toute la ville était « dans un tumulte d'enthousiasme qu'un Écossais eût écrit une tragédie de premier ordre »'. Mais le clergé et les gens rigides estimèrent que c'était un péché pour un clergyman d'écrire une pièce de théâtre , aussi morale qu'en fût la tendance. Il faut voir dans V Autobiographie du D*" Carlyle^, l'ami intime de John Home , quel scandale cet événement produisit. Le Presbytère d'Edimbourg fit lire, dans toutes les églises, une admonestation solennelle qui se lamentait sur l'irréligion du siècle et prémunissait les fidèles contre le danger de fréquenter les, théâtres. John Home fut obligé de donner sa démission, de se retirer de l'Église. Un clergyman qui avait

1 Voir sur ces points Hugo Ariiot. Hislory of Edinburgh. Bock m, chap. Il, p. 280-81.

2 R. Ghambers. Domestic Annals of Scolland, p. 519-20.

3 Hugo Arnot. Eistory of Edinburgh. Book m, chap. ii, p. 281.

'* R. Ghambers. Domestic Annals of Scolland, p. 544. — Voir aussi p. 550 sur le& résistances des presbytériens.

5 Voir les titres de ces pamphlets dans The Life of Allan Ramsay, en tête de Tédition d'Alex. Gardner, p. xxxil - xxxiil. On trouvera également dans cette biographie des détails sur les difticultés des représentations théâtrales.

6 Hugo Arnot. Eistory of Edinburgh. Book m, chap. ii, p. 282. "' T)' Alex. Carlyle. Autobiography, chap. viir, p. 312.