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assisté à une des représentations de Douglas fut suspendu pendant six semaines de ses fonctions par le Presbytère de Glasgow. Garlyle lui-même fut traduit devant l'Assemblée générale du clergé. Tl fut liabilcment défendu par Robertson , l'historien , et acquitté. Mais , le lendemain , l'assemblée passa un acte interdisant au clergé d'encourager le théâtre ^ Voilà où en était l'art dramatique en Ecosse , en 1756. C'était le dernier effort de la sévérité puritaine. Les mœurs se corrompaient rapidement. En 1769 , on construisit dans la nouvelle ville un théâtre royal ^. Il avait l'air d'une grange avec un portique classique ; il portait, sur la pointe du toit, une statue de Shakspeare entre la Muse tragique et la Muse comique ^. La dépravation augmenta si rapidement qu'en 1784, lorsque la grande actrice Mrs Siddons parut pour la première fois à Edimbourg , pendant la session de l'Assemblée générale du clergé, toutes les affaires importantes durent être fixées aux jours où il n'y avait pas de représentation , parce que les membres les plus jeunes de l'Assemblée , aussi bien ceux qui appartenaient au clergé que les laïques , allaient prendre leur place au théâtre à trois heures après-midi. Cependant les anciens comme Robertson, l'historien, et Blair,le professeur de rhétorique , bien qu'ils fissent visite à Mrs Siddons , n'osèrent pas aller au théâtre admirer son talent , tant le préjugé persistait encore *. Mais la bataille était, après tout, gagnée.

La fin du dernier siècle était donc un moment favorable et peut-être unique pour doter l'Ecosse d'un théâtre national. Plus tôt, une pareille entreprise était impossible. Allan Ramsay ne l'avait même pas rêvée, et tous ses efforts avaient seulement tendu à introduire des représentations dramatiques. Le goût pour la scène était nouveau et ardent ; Edimbourg était encore une capitale intellectuelle; la vieille Ecosse conservait intactes ses mœurs et ses coutumes. Un peu plus tard et peu après le commencement de ce siècle-ci, ces conditions s'altérèrent. L'uniformité, qui a recouvert tant d'habitudes locales, s'est étendue de Londres vers le Nord et a franchi la Tweed. Bien que la vie populaire écossaise soit demeurée assez originale pour donner de la saveur aux romans qui la représentent, cette originalité n'est plus assez intense pour les peintures plus ramassées de la scène. Walter Scott lui-même a plutôt recueilli l'écho d'usages qui venaient de disparaître qu'il ne les a observés direc- tement. Enfin, il faut tenir compte de la position et du génie de Burns qui le destinaient également à cette œuvre. Il a été l'homme unique d'un

1 Voir le récit détaillé de cet événement dans VAubiography du D'" Alex. Garlyle. Le chapitre viil y est consacré en entier. — Voir aussi Hugo Arnot, Hislory of Edinburgh. Book m, chap. n, p. 289 90.

2 J. Grant. Old and New Edinburgh, tom I, p. 341.

3 Voir la gravure représentant cet édifice dans A Graphie and Historical Description of the Cily of Edinburgh.

4 D' Alex. Garlyle. Autobiography, chap. viii, p. 322-23.