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liste de ceux qui ont contribué à l'anthologie écossaise. Un matelot comme Falconer, un savetier comme Andrew Sharpe, un bedeau comme Andrew Scott, un sonneur comme Dugald Graham, ont écrit des chansons aussi délicates que les plus savants Ml n'est pas jusqu'à un bandit comme Macpherson qui, à la veille d'être pendu , n'ait mis ses adieux en une chanson dont les refrains ont été repris par Burns. ^ Et ce qu'il y a de plus remarquable, c'est que les chansonniers les plus illustres de l'Ecosse, je ne dis pas sortent des rangs les plus humbles, mais y vivent 3. En mettant^ part Burns qui éclipse les autres, on rencontre dans l'histoire de la chanson écossaise, des noms comme de ceux de Ramsay qui fut coiffeur, et de Fergusson, un pauvre commis ; de Tannahill qui était tisserand, et de James Hogg qui était berger. Cette origine populaire est même ce qui distingue le recueil des chansons écossaises de celui des chansons anglaises ; celles-ci sont presque toutes dues à de véritables littérateurs *. Les femmes elles-mêmes s'en mêlaient. Quelques-unes des plus célèbres et des plus touchantes chansons leur sont dues. Les Fleurs de la Forêt sont de Miss Jane Eliot ; le Vieux Rohin Gray, dont parlait tout à l'heure Thom d'Inverarie, est de lady Anne Barnard ; les vers mélancoliques que Burns se récitait à lui-même à Dumfries sont de lady Grizzel Baillie, sans parler des chansons de Miss Jenny Graham, de Miss Christian Edwards, de miss Gockburn, de miss Ann Home, de miss Cranstoun, de lady Nairn, et de bien d'autres. Il faut observer, pour comprendre la portée de ce fait, qu'aucune de ces femmes n'est une femme littéraire, comme M" Felicia Hemans, Laetitia Landon, ou Elizabeth Barrett Browning Elles ont écrit des chansons par hasard, comme cela arrivait à des ouvriers et à des paysans, parce que tout le monde en écrivait ; et quelques-unes se sont trouvées être immortelles.

Si nous voulons avoir une preuve particulière de ce fait, jetons un coup d'oeil sur la vie de Burns. N'y trouvons-nous pas, dans toutes les classes et à toutes les époques, une succession de faiseurs de chansons ? A Mauchline, ce ne sont de toutes parts que d'humbles poètes : c'est David Sillar, le maître d'école d'Irvine ; William Simpson , un autre maître d'école à Ochiltree ; c'est le brave Lapraik, le fermier dont on chantait les chansons aux veillées d'hiver ^. N'est-ce pas parce qu'il avait entendu

1 On trouvera les chansons de ces poètes dans le recueil de Whitelaw , The Book of ScoUish Hong. — X'oir aussi les noms donnés dans The Peasant Pocts of Scotland, by Henry Shanks — et les petites notices biographiques qui se trouvent dans le recueil de chansons plus récentes, intitulé Whislle Binkie. ^

2 Macpherson's Farewell. Voir, sur la chanson de ce bandit, la note de Chambers dans son édition de Burns, p. 213.

3 Voir W. Gunnyon. ScoUish Life and History in Song and Ballad, p. 10.

i Lire, pour saisir cette différence, la liste des noms des auteurs, dans les deux volumes de Gh. Mackay, The Book of English Songs, et The Book of Scotch Songs.

^ Voir, sur ces personnages, The Conlemporaries of Burns and Ihe most Récent Poels of Ayrshirc, icith selectioris from theirivrilings, ediieàhy James Paterson.