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INTRODUCTION.


On s’étonnera peut-être de ne trouver, dans les pages qui suivent, aucun aperçu sur la formation du génie de Burns, aucun essai pour montrer de quels éléments il se compose, quelle part en revient à la race, au climat, aux habitudes de vie. C’est de parti-pris que nous nous sommes interdit toute tentative de ce genre. Nous concevons une étude aussi précise et aussi poussée qu’il est possible de la faire des caractères, des limites, de la force d’un génie, ou, pour mieux dire, de ses manifestations extérieures. Nous concevons aussi qu’on essaye de déterminer les conditions dans lesquelles le génie s’est exercé. Quant au génie lui-même, à sa formation et à ses causes profondes, nous croyons que vouloir l’expliquer est une tentative au-delà de nos pouvoirs d’analyse. Ce n’est pas qu’on ne puisse supposer avec vraisemblance que la race ait une part dans la formation du génie, et que le milieu, et le moment, si l’on veut, aient une part dans la forme de ses œuvres. C’est là un axiome philosophique qu’on ne peut guère discuter. Mais dès qu’on sort de cette affirmation générale, on est dans d’inextricables difficultés. Qui dira, en effet, ce qui revient à la race, si tant est qu’il y ait des races dans nos mondes mélangés et que les races aient un génie ? Qui dira, chose peut-être plus importante, ce qui revient à une alliance unique de tempéraments, rapprochés à un moment unique, et produisant de leur union une combinaison supérieure à eux ? Qui dira ce qui revient à des impressions d’enfance, innombrables, imperceptibles, ignorées, à des accidents de conversation, à l’harmonie de l’entourage ou aux réactions contre un entourage impropice ? Qui dira les milliers d’influences dont l’énumération, si elle était possible, n’éluciderait encore rien, mais dont la rencontre, le nœud, en des proportions inappréciables, ont contribué à former un esprit ? Ce sont là d’indéchiffrables problèmes dont la complexité est effrayante et décourageante.