Page:Annales de Géographie, tome 5, oct 1895-oct 1896 -1896.djvu/431

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de distinguer les différents individus si je n’avais, au moment de la pose, placé auprès de chacun d’eux une marque particulière. Pourtant, dans l’archipel, on remarque deux types, un type fin auquel appartiennent ces indigènes de l’Andaman du sud, et un type plus grossier, avec la mâchoire plus lourde, le nez plus camard, Pl. II. En outre, les indigènes de la Petite-Andaman présentent des signes de métissage peu apparents, mais qui se révèlent, en particulier, par le rapport de la longueur du bras à celle de l’avant-bras.

En dehors de cette particularité, que les traits du visage soient plus ou moins fins, la structure anatomique est fort constante, et les données individuelles fournies par les mensurations sont aussi voisines que possible les unes des autres, dans mes séries prises sur le vivant, comme dans celles de Man ou dans celles prises sur le squelette par Flower.

Ce cas exceptionnel ne se reproduit pas aux Philippines. Il y a dans cet archipel des petits groupes de populations Négritos bien caractérisés, mais ceux-ci sont entourés et séparés les uns des autres par des populations différentes. Il s’est produit inévitablement des mélanges et des infiltrations réciproques. Ces populations non négritiques se composent elles-mêmes de plusieurs éléments. L’ethnogénie des Philippines nous est maintenant bien connue par les recherches de divers explorateurs. De Quatrefages a proposé, pour représenter la stratification des races dans ces îles, un schéma qui peut, d’ailleurs, être appliqué, si on lui conserve seulement sa valeur de schéma, à la Malaisie tout entière. Soient trois cercles concentriques : le plus petit au centre est occupé par les Négritos ; l’anneau périphérique est occupé par les Malais qui habitent les rivages ; quant à la zone intermédiaire, elle est le domaine d’une population particulière que M. Hamy a nettement distinguée sous le nom d’indonésiens et dont les types les plus connus et les mieux caractérisés sont les Battak de Sumatra et les Daïak de Bornéo ; ceux-ci sont dolichocéphales ou tout au moins sous-dolichocéphales et se distinguent ainsi par un caractère tranché des Malais brachycéphales ; d’ailleurs, ils ont le teint clair, les cheveux fins et lisses et des traits qui les rapprochent plutôt du blanc.

Le schéma de Quatrefages indique l’ordre d’arrivée des divers éléments. Les Négritos représentent la population la plus ancienne, autochtone si l’on veut, qui a été refoulée par les Indonésiens dans les montagnes du centre, dans les lieux les plus sauvages et les plus difficiles à cultiver ; ils vivent en effet purement de chasse, tandis que les Indonésiens font des défrichements et des cultures rudimentaires. Ceux-ci, à leur tour, ont été dépossédés des rivages et des vallées par les Malais plus civilisés et venus à une époque relativement récente.

C’est par suite de cette distribution qu’on a cru tout d’abord devoir