Page:Annales de Géographie, tome 5, oct 1895-oct 1896 -1896.djvu/432

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attribuer à la population malaise le vaste archipel sur lequel, en réalité, elle n’occupe qu’une superficie réduite dans beaucoup d’îles à une simple frange. Les explorations ont fait reconnaître derrière cette frange les populations indonésiennes, mais le centre, défendu par ses forêts vierges fiévreuses, comme aussi par ses Indonésiens batailleurs et chasseurs de têtes, est encore en beaucoup de points peu connu. Presque partout, cependant, quelques traces ont été signalées de populations négritiques. De Quatrefages et M. Hamy se sont attachés à relever ces indices et à en discuter la valeur ; peu à peu s’est dégagée la notion d’une population négrito ayant occupé primitivement un vaste espace dont elle a été successivement dépossédée par des envahisseurs de toute espèce. En beaucoup d’endroits, elle a complètement disparu ; en d’autres, elle a laissé quelques témoins dans les régions les moins accessibles ou bien elle s’est fondue avec les envahisseurs, laissant sa trace plus ou moins marquée dans la population mélangée qui lui a succédé. En dehors des Andaman et des Philippines dont nous venons de parler, nous avons déjà signalé des petits nègres provenant de la péninsule malaise.

Divers voyageurs ont rencontré à Bornéo des tribus dont la peau est foncée, dont les cheveux sont sinon crépus, du moins frisés ; un crâne provenant de l’intérieur, mais sans localisation précise, a été reconnu comme un crâne négrito. Ces indices se retrouvent aussi en dehors de la Malaisie. L’Indo-Chine présente nettement en dedans de la frange jaune, annamite, une population montagnarde plus ancienne, par exemple les Moïs de la Cochinchine, dans laquelle l’élément Indonésien domine : plusieurs voyageurs parlent de Moïs à teint foncé, à cheveux bouclés, caractères qui indiquent la présence de sang noir ; il en est de même pour Formose, pour l’archipel de Liou-Kiou. Au Japon, les traditions anciennes parlent de sauvages noirs et des populations accusant un métissage nègre ont été décrites dans les îles du sud. Les Veddas de Ceylan sont petits, noirs, leurs cheveux sont bouclés. La Nouvelle-Guinée, patrie des Papous, renferme, notamment dans sa partie nord-ouest, des populations qui semblent devoir être distinguées des Papous, en particulier, à cause de leur petite taille. Dans l’Inde, les forêts du pied des Nilghiris cachent quelques tribus de sauvages de petite taille, noirs et à cheveux crépus. Presque toute la population de l’Inde, du reste, en particulier les Dravidiens, est extrêmement foncée de peau et les cheveux sont souvent bouclés ; les collections anthropologiques provenant de divers points de cette vaste région renferment quelques crânes qui présentent les caractères du crâne négrito. Bien plus à l’ouest encore, en Susiane, M. Marcel Dieulafoy a montré que les documents anciens témoignent d’un rôle considérable joué dans cette région aux premiers temps de l’histoire par une population noire. Partout cette