Page:Annales de Géographie, tome 5, oct 1895-oct 1896 -1896.djvu/448

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Dans le sultanat de Johor, qui termine au sud la Péninsule, mais dans le nord de cet État, après avoir remonté la rivière de Johor, puis sa branche droite, le Sungheï Saïon, aussi haut que peuvent monter les pirogues, j’ai vu une tribu de Jakouns chez lesquels le type est très divers : quelques individus sont tout à fait des jaunes, plus même que les Malais, et ressemblent à des Annamites (Pl. V).

Enfin, dans le détroit de Johor même, erre dans ses pirogues la tribu des Orang-Sletar qui représente les sauvages les plus méridionaux de la péninsule ; chez ceux-ci il serait difficile d’indiquer un type prédominant, mais plusieurs ressemblent aux Malais.

Chez toutes ces tribus, il y a des signes incontestables de la présence du sang noir : les chevelures ont toujours une tendance à boucler et sont parfois même crépues ; quelques individus reproduisent le type négrito dans son ensemble. Mais tous les voyageurs qui ont décrit des tribus analogues ont signalé ces traces de sang noir ; j’ai tenu surtout dans ce qui précède à insister sur le caractère de l’autre élément dominant dans le métissage pour permettre d’interpréter les données crâniennes.

Les indices céphaliques moyens sont les suivants :

Sakaïes du Gounong-Inas  79,5
Sakaïes du Batang-Padang  78,1
Sakaïes du Klang  79,1
Jakouns du Johor  80,9
Orang-Sletar  82,9

On voit ainsi que l’indice céphalique s’abaisse régulièrement du sud au nord jusque chez les Sakaïes blancs du Batang-Padang, puis qu’il remonte chez les Sakaïes noirs. Si c’était l’élément noir qui introduisait ici la dolichocéphalie, nous aurions au contraire une nouvelle diminution brusque de l’indice, qui devrait tomber jusqu’à 75 au moins pour laisser admettre le Papou, même métissé. Il est vrai que ces Sakaïes noirs nous offrent un indice plus bas que l’indice négrito, et réciproquement, les Sakaïes blancs nous donnent un indice un peu trop fort pour des Indonésiens, qui devraient donner environ ; mais comme toutes ces séries proviennent de races métisses, au lieu de considérer ces indices moyens qui tombent tous dans la région banale de la mésaticéphalie, il est plus intéressant de considérer la distribution des indices individuels dans chaque série.

C’est cette distribution que présente le tableau suivant, où chaque individu est représenté par un point dans la ligne correspondant à un indice. Pour simplifier, j’ai réuni dans une seule colonne les trois tribus chez lesquelles le type jaune apparaît.