Page:Annales de Géographie, tome 5, oct 1895-oct 1896 -1896.djvu/450

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maximum en ce point, 79-80, ce qui correspond à la moyenne générale des tribus. Les individus qui constituent ces groupements moyens sont des métis, qui peuvent aussi bien être des métis de jaune et d’indonésien, que des métis de négrito et d’indonésien. Mais il ne saurait plus être question d’une population noire dolichocéphale : il ne reste plus aucune difficulté, à attribuer au négrito l’élément noir de la Péninsule, comme tendaient à le faire admettre l’aspect du type, la petite taille, la situation géographique et l’ethnographie, ainsi que nous allons le voir plus loin.

J’aurais voulu joindre à ces mesures, pour compléter la démonstration, le document anthropologique par excellence, le crâne. Il m’a été impossible de m’en procurer un seul. Il existe au Musée d’histoire naturelle du Pérak, à Taï-ping, un crâne étiqueté Sémang, et qui m’a paru, autant que j’en ai pu juger par un examen superficiel, un crâne négrito typique. Il serait à désirer que quelques pièces de ce genre parviennent prochainement aux musées d’Europe.


Sans insister sur l’ethnographie qui ne rentre pas directement dans le sujet de cet article, je dois ajouter quelques observations propres à éclairer la question.

Les auteurs qui croyaient reconnaître des Papous dans la Péninsule malaise donnaient comme argument à l’appui de leur thèse l’existence chez les Sakaïes de la maison sur pilotis ; cette maison n’appartient pas à l’élément noir.

Les tribus noires du Gounong-Inas vivent exclusivement de chasse ; elles ne font point d’abattis, ne construisent même pas de maisons, se contentant d’un abri sommaire, constitué par un petit toit à une seule pente, sur quatre piquets. Cet abri représente exactement la petite hutte des Andamanais appelée chong. Sous ce toit, il y a une sorte de petit lit de camp fait de branches, élevé de quelques pouces au-dessus du sol : ce lit de camp est identique à celui des Andamanais. Comme armes, ces tribus ont la sarbacane avec les flèches empoisonnées, mais cette arme leur vient de l’élément non négrito ; l’arc, arme des Négritos, se retrouve encore dans les tribus qui vivent plus haut sur le Pérak, d’après des renseignements sûrs que j’ai recueillis.

La sarbacane au contraire est l’arme classique des Daïaks de Bornéo. Ce seul détail ethnographique aurait dû faire penser aux Indonésiens.[1] On retrouve la sarbacane chez toutes les tribus métisses, et avec

  1. Je dois rendre justice sur ce point à M. L. Wray, le distingué conservateur du Musée de Taï-ping. Bien qu’il n’ait rien publié à ce sujet (du moins à ma connaissance), bien même qu’il se soit refusé à m’aider de ses conseils, et qu’il se soit renfermé, en causant, dans la plus étroite réserve, je suis sûr qu’il avait fait le rapprochement. Ce sont les belles collections rassemblées par ses soins qui m’ont mis sur la trace de l’Indonésien, et je crois de mon devoir de le citer ici.