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SECONDE PARTIE.

ANALYSE COMMENTÉE ET ANNOTÉE.

Quand Viçvâmitra fut arrivé au comble de ses vœux et qu’il fut devenu brahmane, il reprit la place de mentor qu’il avait occupée auprès de Râma et accompagna son élève avec l’inséparable Lakshmaṇa à la cour de Janaka, roi de Mithila. Là, il montra aux jeunes princes l’arc qu’on y conservait du redoutable Rudra, avec lequel ce dieu des dieux, qui n’est autre que Çiva au cou noir[1], avait autrefois fait trembler d’épouvante tous les dévas, à cause qu’ils l’avaient frustré de la part qui lui revenait dans un sacrifice[2]. Maintenant cet arc était destiné à récompenser par la possession de la royale vierge Sitâ, née d’un sillon[3], celui qui serait assez vigoureux pour le soulever. Les visiteurs demandent à le voir et aussitôt Râma, encouragé par Viçvâmitra, le lève d’une seule main, le courbe et se met à le bander. La tension fut telle que l’arme se brisa par le milieu, avec un bruit de tonnerre. Alors Sitâ, le prix de cette vigueur incomparable, fut unie en mariage à Râma, dans la ville de Mithila, distante de quatre journées de marche de la ville d’Ayodhya, résidence du roi Daçaratha, père de Râma, et où habitait aussi le grand muni Vaçishtha, de son état chapelain du monarque. Les noces se firent en grande pompe, suivant les rites. Daçaratha et Janaka offrirent d’abord aux pitris ou ancêtres un magnifique sacrifice, çrâddhan mahat, et aux brahmanes un don de 400,000 vaches bonnes laitières avec

  1. Râm., I, 77, 17.
  2. V. Ib., 68, 70.
  3. Nous avons déjà mentionné ce mythe, ci-dessus p. 8. Sîtâ était donc née non d’une femme, अयोनिजा, mais d’un sillon भूतलाद् उत्यिता, que j’ouvris, dit son père dans la terre. (Ib., 68, 14 ; cf. ib. 73, 21). Sitâ elle-même dit à Râma : Le nom que j’ai attribué ma naissance à la terre. (Ib., VI, 101, 17). On peut comparer le mythe de Perséphone (πὲρσίφνις) le bouton qui sort du sol (v. Rhein. Mus. f. Phil., 1875, p. 128, sq.)