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No. XI.

CONTE
La devote Anecdocte Françoiſe.


Un de mes amis m’a raconté qu’il avoit fait autre fois, la connoissance d’une jeune, devote très aimable, mais qui par le melange le plus bizarre accordoit de très bonnes foi l’attention la plus scrupuleuse a observer les preceptes de la Religion avec le penchant le plus lubrique pour les plaisirs de la chair il fut quelque tems a s’appercevoir de la nature de son temperament mais enfin il avait sçu a n’en pouvoir douter qu’elle se branloit regulierement tous les jours, agissant d’apres cette decouverte, il azardoit de tems en tems des histoires libres avec elle en se servant pour ne point revolter sa pudeur de termes les moins indecent et eloignant a dessein le denoument pour avoir le plaisir de comtempler ses yeux que le desir rendoit plus brillant et sa main qui se portoit tout naturellement dans sa poche après cela il s’approchoit d’elle mettant la sienne sur ses jupons a l’endroit sensible et le frotant autant qu’il le pouvoit a travers des habits il obtint successivement de lever le premier jupon, le second, le troisieme, car c’etoit en hiver, et enfin la chemise, c’etoit pour la chatouiller plus a son aise, mais ce fut pendant beaucoup de tems, tant la devote faisoit une belle resistance, il ne tarda pas alors de la determiner a souffrir autre chose que la main, toujours egalement Religieuse elle n’en faisoit pas moins ses prieres le matin et le soir n’en entendoit pas moins deux messes et n’en restoit pas moins deux ou trois heures le soir a l’Eglise.