Page:Anonyme ou Collectif - Voyages imaginaires, songes, visions et romans cabalistiques, tome 17.djvu/107

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

tous les seigneurs à la prévenir dans ses caprices : ils essuyèrent tour à tour cinquante impertinences de sa part, avant qu’elle voulût les honorer d’un coup de gosier. Les complaisances qu’il plut à cette fille d’exiger d’eux, furent poussées jusqu’à leur faire faire mille bassesses. Je laisse à juger lequel étoit le plus fou ou le plus imbécille, de l’actrice ou des personnes auxquelles elle commandoit avec une si grande autorité.

Le hasard me fit placer à côté d’une vieille qui étoit extrêmement parée. Elle m’agaça d’abord par des propos galans, qu’elle accompagnoit de petites grimaces minaudières, propres à mettre le comble à la laideur de ces vieux siècles que la nature n’a jamais favorisés, & à faire remarquer à tous ceux qui les regardent, la folie de leurs prétentions. Lorsqu’elles veulent se donner un air galant & enfantin qui ne fut jamais fait pour elles, ne peut-on pas dire qu’elles sont les seules dans ce moment qui s’aveuglent sur leur mérite ?

Attentif à la musique, je reçus assez mal les agaceries de Cornalise (c’est le nom de cette vieille poupée) qui parut d’abord s’en offenser ; ce qui fit qu’aux manières agaçantes qu’elle avoit prises, & qui lui seyoient on ne peut pas moins, succéda un certain air piqué qui ne lui