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de Milord Céton.

alloit pas mieux. Monime, qui ne pouvoit se lasser de l’examiner, me fit remarquer son ridicule & sa sotte vanité par un sourire & un coup d’œil fin. Je crois, me dit-elle, en s’approchant de mon oreille, que cette femme qui me paroît si fière & si manierée, pourroit très-bien avoir été la nourrice de la première femme qui soit née dans ce monde. Je regardai alors Cornalise avec des yeux que la folie de Monime venoit d’animer : mais soit qu’elle interprétât ce regard en sa faveur, je la vis sourire d’une façon si hideuse en montrant un ratelier postiche, que j’eus bien de la peine à garder le sérieux. Elle tira une boëte à bonbons : milord, me dit-elle, en affectant de grasseyer, goûtez de mes pastilles ; elles sont embrées & des meilleures. Je la remerciai assez froidement. Je crois, poursuivit Cornalise, en ouvrant son miroir de poche, que je suis faite à faire horreur : il fait aujourd’hui un vent perfide qui m’a toute décoëffée en descendant de mon carrosse. Elle rajusta les boucles de sa perruque, releva son aigrette, se pinça les lèvres afin de les rendre plus vermeilles, remit du rouge sur deux gros os placés au-dessous de deux petits trous, où l’on pouvoit appercevoir, en y regardant de près, des yeux qui sembloient être perdus dans cette concavité : ces deux trous