Page:Apollinaire - Les Onze mille verges, 1911.djvu/103

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
85
LES ONZE MILLE VERGES


s’étirer en pandiculation. Sa bouche ouverte pour le bâillement montra une langue rose entre les dents courtes et ivoirines. Elle sourit ensuite.

Hélène. — Prince, dans quel état m’avez-vous mise ?

Mony. — Hélène ! c’est pour votre bien que je vous ai mise à votre aise. J’ai été pour vous un bon Samaritain. Un bienfait n’est jamais perdu et j’ai trouvé une récompense exquise dans la contemplation de vos charmes. Vous êtes exquise et Fédor est un heureux gaillard.

Hélène. — Je ne le verrai plus hélas ! Les Japonais vont le tuer.

Mony. — Je voudrais bien le remplacer, mais par malheur je n’ai pas trois couilles.

Hélène. — Ne parle pas comme ça Mony, tu n’en as pas trois, c’est vrai, mais ce que tu as est aussi bien que le sien.

Mony. — Est-ce vrai, petite cochonne ? Attends que je déboucle mon ceinturon… C’est fait. Montre moi ton cul… comme il est gros, rond et joufflu… On dirait un ange en train de souffler… Tiens ! il faut