Page:Arago - Œuvres complètes de François Arago, secrétaire perpétuel de l’académie des sciences - Astronomie populaire, tome 3.djvu/370

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ne se sépareront point dans leur marche, parce que la force qui les entraîne leur aura graduellement, et dès le début, communiqué des vitesses égales. Supposons maintenant qu’un obstacle insurmontable se présente tout à coup sur le chemin du premier corps ; qu’il l’arrête instantanément. Les parties de la surface antérieure, les parties choquées seront, à la rigueur, les seules dont la vitesse se trouvera directement anéantie par l’obstacle ; mais comme les autres parties sont invariablement liées aux premières, puisque d’après notre hypothèse le corps est solide, ce corps s’arrêtera tout entier.

Il n’en sera pas de même du petit corps que nous avons simplement posé sur le premier. Celui-ci peut s’arrêter sans que l’autre, auquel rien ne le rattache si ce n’est un très-faible frottement, en éprouve aucun effet, sans qu’il perde rien de sa vitesse. En vertu de cette vitesse acquise et non anéantie, le petit corps se séparera du gros. Il continuera à se mouvoir dans la direction primitive jusqu’au moment où la pesanteur l’aura ramené à terre. On doit maintenant comprendre comment un promeneur est lancé au loin lorsque son cheval, en s’abattant, arrête tout à coup le rapide tilbury auquel il était attaché ; de quelle manière les voyageurs assis sur l’impériale des voitures à vapeur qui parcourent avec tant de vitesse les chemins de fer, sont lancés dans l’espace comme autant de projectiles, à l’instant même où un accident met fin aux mouvements de ces ingénieux appareils. Mais la Terre est-elle donc autre chose qu’une voiture qui, dans sa marche à travers les régions de l’espace, n’a besoin ni de roues ni de rails ?