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nir préalablement de la France les garanties indispensables pour rassurer Haïti sur la question de son indépendance souveraine. Le secrétaire d’État se borna à envoyer au gouvernement français une obligation pour le second terme de l’indemnité, en même temps que le Président d’Haïti convoquait de nouveau à la capitale les généraux de l’armée, afin de leur communiquer ses actes depuis leur première réunion et d’arrêter avec eux les mesures de guerre que des éventualités pourraient nécessiter. Loin de reconnaître les bonnes intentions que Boyer avait eues, plusieurs d’entre eux osèrent concevoir le projet de le déposer du pouvoir, et il fallut tout le patriotisme expérimenté de l’un d’eux pour faire avorter ce projet. Mais cette pensée coupable entretint la méfiance et le mécontentement qui avaient surgi de l’acceptation de l’ordonnance royale de 1825 ; ces sentimens allaient se traduire en une conspiration quelques mois après.

Dans l’année 1827, la Chambre des communes fut renouvelée intégralement. Les représentans, s’associant aux vues du pouvoir exécutif, sanctionnèrent la création du papier-monnaie et édictèrent plusieurs lois qu’il leur proposa. Deux d’entre elles furent conçues dans le but de modifier, au profit d’Haïti, ce qu’il y avait de trop onéreux pour ses finances et de trop contraire à sa souveraineté dans l’ordonnance du roi de France : 1o en abrogeant tous les droits à l’exportation des produits d’Haïti, ce qui annullait la faveur dont le commerce français jouissait à cet égard ; 2o en augmentant les droits perçus à l’importation des marchandises exotiques et sur-élevant le tarif des douanes par le prix moyen de l’évaluation de ces marchandises.

Avant la session législative, Boyer avait échappé à la mort dans l’explosion de l’arsenal de la capitale, qui occa-