Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 11.djvu/107

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ordre de choses. Déjà, lors dé sa première session, en 1837, te Chambre des représentans des communes, dominée par une poignée d’hommes pervers, avait donné le signal d’une dissidence dangereuse ; toutefois, elle ne fit que s’essayer à des attaques qui devaient bientôt prendre un caractère plus hostile. En 1838, le masque tomba, et l’on vit paraître cette adresse insidieuse qui eut pour résultat l’assassinat et la révolte du 2 mai. La révolte étouffée, les assassins punis, les factieux craignirent avec raison que l’opinion nationale ne leur imputât les évènemens qui avaient eu lieu : car les coupables avaient fait de terribles aveux, car il y avait une accablante, coïncidence entre la publicité de l’adresse et l’exécution du complot. On ne crut donc pas prudent de refuser son concours au pouvoir exécutif.

« Aujourd’hui, plus dé frein. Enhardi par la modération du gouvernement, cette poignée de factieux a voulu s’arroger à elle seule la souveraineté ; elle a prétendu régenter le Sénat et le pouvoir exécutif ; elle a foulé aux pieds les formes constitutionnelles observées et consacrées depuis plus de vingt ans ; enfin, comblant la mesure, elle a fait à la tribune un appel public à la sédition, après s’être représentée comme exposée à devenir martyr de ses convictions et du saint amour de la patrie[1]. Eh ! quelle est donc la fatalité attachée à la 5e législature, que chacune de ses sessions est le présage de quelque événement sinistre, ou de quelque agitation séditieuse[2] ?… Que voulaient donc les factieux ? Renverser la constitution pour renverser le gouvernement, se saisir du pouvoir pour fonder le règne de l’oppression…

  1. Les mots soulignés dans ce passage, le sont aussi dans la proclamation.
  2. Allusion à l’affaire du dragon de Saint-Marc arrêté en mai 1837 près de la chambre de Boyer, et muni d’un poignard ; à l’assasinat du général Inginac, à la révolte d’Etienne Manga, en mai 1838, et à une autre affaire passée à Saint-Mirc.