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ploi du surplus des revenus qui serait obtenu par les précédentes mesures, à amortir annuellement une partie des billets de caisse (papier-monnaie) ; — 7o Emploi du surplus des droits d’importation perçus en monnaies étrangères, à racheter les mêmes billets pour les amortir également. »

Chacun de ces moyens était développé dans le message du Sénat, pour mieux en prouver la possibilité graduelle, afin de ne pas apporter des perturbations dans les transactions du pays. Cet acte remonta à l’origine du papier-monnaie, créé en 1826 par suite de l’engagement contracté de payer une indemnité à la France ; il examina aussi l’infériorité existante dans la monnaie métallique d’Haïti comparée à celle des autres nations, pour conclure, que le gouvernement devait tendre à faire disparaître, graduellement, l’une et l’autre monnaie, afin de pouvoir en frapper une qui pût « remplacer la monnaie métallique actuelle par une monnaie nationale d’une valeur réelle, surtout dans les vues de faciliter les petits échanges, » ce qui aurait permis aux monnaies étrangères, ou tout au moins à celle d’Espagne, de circuler concurremment.

Mais, pour obtenir ces résultats, pour opérer des réductions, surtout dans les dépenses faites pour l’armée, il fallait, non-seulement un esprit de suite dans l’administration, mais un état de paix, de tranquillité intérieures, et non des agitations incessantes produites par une Opposition systématique, contre un chef qui avait sans doute des défauts dans son caractère obstiné, mais qui possédait aussi des qualités du cœur, fort appréciables dans un pays tel qu’Haïti[1].

  1. Je suis fondé à dire, qu’après cette session de 1839, Boyer était dégoûté du pouvoir et qu’il eut la pensée de s’en démettre. Mais, des considérations politiques lui ayant été exposées, en même temps qu’il prévoyait ne pas pouvoir habiter paisiblement son pays comme simple citoyen ou général-en retraite, il renonça à ce dessein.