Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 11.djvu/235

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gnols, la Golondrina et la Nuestra Senora del Carmen, qui, venant d’Espagne, se rendaient à l’île de Cuba, chargés de comestibles et d’autres marchandises. Candiau les arrêta, mit garnison à leur bord, abaissa le pavillon espagnol et y substitua celui d’Haïti, prétendant que ces deux bâtimens, l’un felouque, l’autre goëlette, étant très-près de terre, lui paraissaient être, le premier un pirate, le second une prise qu’il aurait faite. Opérant cette capture le 5 novembre, Candiau se rendait au Cap-Haïtien avec les deux bâtimens, quand une tempête contraignit la goëlette à relâcher au Môle, et la Pacification aux Gonaïves : la felouque entra seule dans le premier port. C’était là qu’il se proposait de vérifier si ses soupçons étaient fondés ; mais la goëlette ayant rejoint la corvette haïtienne, elles vinrent au Port-au-Prince, sur l’ordre du gouvernement qui, ayant appris ces faits, voulait avoir l’explication de la conduite de Candiau. Le 18, il comparut devant une commission de hauts fonctionnaires avec les deux capitaines espagnols qu’il avait retenus abord de la Pacification. La commission reconnut le tort qu’il avait eu de capturer ces bâtimens ; elle ordonna la remise de la goëlette à son capitaine, en attendant l’arrivée de la felouque mandée au Cap-Haïtien. Mais ce capitaine s’aperçut que deux aspirans haïtiens avaient pris des objets pour une valeur de 534 piastres et 25 centimes : cette somme lui fut aussitôt payée par le trésor, et les aspirans déférés au jugement d’un conseil spécial militaire qui les condamna à trois années de réclusion. Lorsque la felouque arriva, son capitaine reconnut aussi qu’il avait été pris à son bord des objets dont la valeur était de 69 piastres, que le trésor lui remboursa.

Les deux capitaines espagnols paraissaient satisfaits, et