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fin de non-recevoir opposée à la pétition ci-dessus. Au reste, il avait reçu des signataires une lettre dans le même but, et une autre lettre fut aussi écrite au Sénat à cet effet. Le Sénat considéra qu’une loi étant déjà rendue, c’était au Président à la faire exécuter ; mais il ne lui communiqua pas sa pensée[1].


Le lecteur pressent bien, sans doute, que Boyer ne fit aucune réponse à l’adresse de la Chambre des communes, non pas seulement parce qu’il la considéra « comme l’expression des vues d’une Opposition tracassière, le rêve des idéologues, des ambitieux de cette assemblée, qui l’entraînaient dans une voie pleine de périls pour la tranquillité publique[2] ; » mais parce que le vote de cet acte coïncida avec un événement inattendu dont nous parlerons bientôt, et qui justifia jusqu’à certain point le silence qu’il garda envers la Chambre[3]. Néanmoins, essayons d’examiner cette adresse et les vues qu’elle présenta dans le but que poursuivait l’Opposition, incarnée, pour ainsi dire en H. Dumesle.


Reconnaissons d’abord, que s’il fut un instant qui parût propice à une sorte de rajeunissement des institutions publiques, pour les mettre en rapport avec les idées nouvelles qui surgissaient de l’instruction répandue dans une grande portion de la société, c’était certainement celui où les traités conclus récemment avec la France avaient définitivement consacré l’indépendance et la souveraineté d’Haïti,

  1. Par une lettre du 22 mai 1837, que j’ai sous les yeux, M. Linstant m’envoya les trois documens en me chargeant de les remettre à leur adresse ; ce que je fis. La Chambre et le Sénat étaient alors en ajournement, et n’en prirent connaissance qu’en 1838.
  2. Expressions de Boyer en parlant des opposans.
  3. À vrai dire, l’adresse n’étant que la réponse au discours du Président à l’ouverture de la Chambre, il n’avait pas à y répondre.