Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 2.djvu/174

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

suivis jusqu’au rivage, et ils s’embarquent pele-mêle.

De son côté, César Galbaud attaque le gouvernement avec vigueur ; mais il rencontre aussi une résistance opiniâtre. Les défenseurs de la commission civile qui lui étaient opposés, apprenant la fuite de la colonne de Gauvain, devinrent des assaillans à leur tour ; ils forcent la colonne de César Galbaud à la retraite et lui enlèvent l’obusier qu’elle avait. Dans ces combats, les hommes de couleur visaient surtout les artilleurs qu’ils abattent l’un après l’autre, comme la troupe de Bauvais et de Lambert avait fait au Port-au-Prince, dans l’affaire du 21 novembre 1791. César Galbaud, voyant enlever son obusier, se porte en avant avec quelques hommes pour essayer de le reprendre ; mais abandonné bientôt des siens, il est fait prisonnier avec plusieurs officiers de marine, par les hommes de couleur. Les vainqueurs respectent en eux le droit du vaincu à être bien traité après la victoire ; ils sont conduits aux commissaires civils.

En rendant compte à la convention nationale de cette première action, par leur dépêche du 10 juillet, ces commissaires lui dirent : « Il est impossible de se faire une idée de la bravoure plus qu’humaine des citoyens du 4 avril dans cette mémorable journée. À peine trois cents contre deux mille, ils soutinrent, pendant toute la soirée, le feu des matelots et de la garde nationale blanche : ils les expulsèrent de tous les postes de l’intérieur. »


Galbaud avait rallié les marins en fuite ; il retourna à bord des navires avec eux. Le 21 juin, à la pointe du jour, de nouvelles nuées de ces brigands redescendirent à terre avec Galbaud à leur tête. Il marcha sur l’arsenal