Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/315

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avons cité tant de passages. Ce dernier, on le conçoit fort bien, disposa favorablement le corps législatif pour l’agence à Saint-Domingue.

Or, une loi avait été rendue, le 27 pluviôse an v (15 février), qui déterminait que cette colonie enverrait désormais 13 députés au corps législatif. Dès qu’elle parvint au Cap à Sonthonax et à J. Raymond, avec le rapport de Marec, ils jugèrent bien que le Directoire exécutif réussirait à la fin, à faire admettre les 6 députés, élus déjà au Cap. Sonthonax surtout, qui dirigeait les affaires, compta sur la présence de Laveaux en France.

En conséquence, il ordonna la convocation d’une nouvelle assemblée électorale au Cap, toujours en vertu de la loi du 10 juillet 1791. Malgré la scission opérée avec le département du Sud, ses électeurs et ceux de l’Ouest y furent appelés ; mais aucun ne se rendit à cet appel : les difficultés de la guerre étaient d’ailleurs trop réelles, pour leur permettre de se rendre dans le Nord.

L’assemblée électorale se tint au Cap, le 9 avril 1797, et élut 7 membres pour compléter la députation des 13, bien que les 6 premiers eussent été exclus. De l’urne électorale sortirent les noms suivans : Leborgne, G.-H. Vergniaud, deux blancs ; Étienne Mentor, J.-L. Annecy, Pre Antoine fils, trois noirs ; J. Tonnelier et A. Chanlatte, deux mulâtres. Ces deux derniers et les deux blancs partirent le 14 juin, du Port-de-Paix, sur le brig la Loyauté fort bien nommé pour amener Leborgne en France[1].

  1. Sonthonax avait fait compter 200 piastres à chacun de ces 4 députés. Le 5 juin, Leborgne lui écrivit de lui faire donner 3 milliers de café en sus, afin de prouver à la France que les noirs fiaient dignes de la liberté, puisqu’ils savaient travailler. C’eût été autant de pris sur l’ennemi. Mais il avait affaire à un dictateur intelligent. Sonthonax lui répondit que ses états de comptabilité, comme agent central, étaient une meilleure preuve en faveur des noirs, que ne pouvait être ce faible échantillon de café.