Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/472

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trigans ; et pour prouver le contraire, il lui fit savoir tous ses services en Europe qui lui avaient mérité la confiance du Directoire exécutif, en ajoutant que T. Louverture était plus soumis que lui aux influences diverses, puisqu’il donnait créance à toutes les calomnies. Cependant, il termina sa lettre en lui disant : « Je vous ai déjà dit que je considérerais votre retraite comme une calamité pour la colonie ( T. Louverture lui en avait parlé dans sa « lettre sans date). Je m’estimerais heureux, général, si, à la fin de ma mission, j’emportais les regrets des bons citoyens, et votre estime et votre amitié. Ce sont les seules acquisitions que j’ambitionne de faire. »

Quelque adoucie que fût cette lettre à sa fin, elle contenait des choses qui étaient désagréables pour T. Louverture, dont l’amour-propre et la vanité étaient au niveau de ses prétentions. D’abord, Hédouville lui faisait entendre qu’il était dupe de Maitland ; ensuite, il lui reprochait d’être l’instrument des intrigans ; et enfin, il le menaçait de le destituer du rang de général en chef, puisqu’il avait les mêmes pouvoirs que le Directoire exécutif, et que si T. Louverture avait continué ces fonctions depuis son arrivée, c’est qu’il l’avait bien voulu. Il suffisait de ces trois passages pour déterminer T. Louverture aux résolutions qu’il méditait depuis l’arrivée d’Hédouville.

Il était à Saint-Marc le 27 août. Soit qu’il eût reçu la lettre de l’agent écrite la veille, soit qu’elle ne lui fût pas encore parvenue, il lui en adressa une nouvelle ce jour-là, dans laquelle il reproduisait ses plaintes et ses reproches consignés dans la précédente, sans date. Il envoya copie d’une dépêche de Maitland, du 23. Le général anglais l’informait de la notification qu’il avait faite à Hédouville, le même jour, de son refus de ratifier la convention signée