Page:Ardouin - Étude sur l’histoire d’Haïti, tome 3.djvu/96

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

fiers de leur dignité et résolurent de se distinguer encore plus. Tous comprirent que la cessation de la guerre avec l’Espagne allait leur donner plus de facilité pour combattre les Anglais.

Le 28 octobre, étant à la Petite-Rivière de l’Artibonite, T. Louverture transmit à Laveaux les copies d’une lettre qu’il avait adressée à Jean François, pour l’engager à se soumettre à la France, et de la réponse de ce dernier. Douze jours étaient à peine écoulés depuis l’arrivée de la Vénus au Cap, que déjà T. Louverture avait entamé une négociation tendante à faire jouir son ancien compagnon des mêmes avantages que lui. « Mais, dit-il à Laveaux, je désespère de rien faire de bon avec lui.  » Il informa le gouverneur que les Espagnols avaient retiré du Fort-Dauphin beaucoup de poudre pour donner à Jean François ; ce qui était une violation formelle du traité de paix, et ce qui annonçait que les Espagnols voulaient engager Jean François à continuer la guerre, soit par lui-même, soit en se joignant aux émigrés et aux Anglais.

Laveaux s’était empressé, dès son arrivée au Cap, d’écrire au marquis de Casa Calvo, commandant au Fort-Dauphin, pour lui notifier le traité de paix contenant la cession de la partie espagnole, et lui demander la remise immédiate de tous les points de la partie française occupés par les Espagnols, en attendant qu’il pût faire occuper ceux de l’autre partie. Il lui demanda aussi l’éloignement de Jean François et de ses principaux officiers, du territoire de Saint-Domingue. Le chef de bataillon Grandet fut chargé de négocier cette mesure indispensable. Ce n’est que le 4 janvier 1796 que Jean François partit du Fort-Dauphin pour la Havane, d’où il se rendit en Espagne : là, i ! jouit du rang et des honneurs de lieutenant général.